Eryck Abecassis

Compositeur, Spin


Compositeur français né le 26 octobre 1956 à Alger. Il s'installe à Paris en 1979 comme photographe, puis mène des études de cinéma. En 1981 il se tourne définitivement vers la musique.
Après des études d'écritures d'harmonie et de contrepoint, il s'intéresse aux ateliers de recherches instrumentales de l'IRCAM (il y suivra plus tard le cursus d'informatique musicale).
Ses nombreuses collaborations qui le mènent de la scène au cinéma, en passant par le théâtre de rue, ont pour conséquences le développement d'un style en marge des courants traditionnels et d'une certaine forme "contemporaine" établie - un regard nourrie d'autres pratiques, écoutes, habitudes de représentations et le refus d'un certain académisme moderne. Sa recherche, depuis deux années se nourrie d'un intérêt croissant pour la "noise music", tant au niveau compositionnel, que instrumental (hybridation d'instruments et synthèse sonore). 
Son travail s'oriente aussi vers les espaces publics, avec le souci constant du renouvellement des habitudes d'écoutes et des formes de représentation. Ce travail peut prendre divers formes, parcours, performances, installation, opéra, et a pour visée la transformation du spectateur en un véritable habitant musical de l'œuvre.
Il a composé de nombreuses musiques de films, dont Hava Ane Dey de Partho Sen Gupta (sélection Berlin 2004, Best Film Award à Durban et Manchester)
Sa carrière de musicien électronique soliste l'emmène   aussi dans de nombreux pays dont la Corée du sud, le Brésil, l'Autriche, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne ainsi que la Pologne et les Pays Bas.
Il est actuellement membre des groupes Kernel (laptop trio) et PiR (percussion / computer).
Eryck Abecassis a également obtenu des commandes de Radio-France, du Gmem, de Grame, de l'Ina-Grm, de l'État, de l'EMS Stockholm... 
Ses pièces ont été jouées par des ensembles comme Accroche-note, 2e2m, le trio Aller-Retour, Insieme, L'Octuor de violoncelle, le trio Èquinoxe, l'ensemble Fa, L'EOC,   le Quatuor Diotima, Kernel, Ars Nova...
Lauréat du programme "CultureFrance hors les murs"2011-Villa Médicis
Citons parmi ses œuvres Blind (1997) ; Poupées-fantômes pour piano, percussion, dispositif électronique et vidéo, créé en 2004 aux Subsistances de Lyon ; St Ferréol, performance urbaine créée à Marseille en 2007 par 250 musiciens ; Sh-an, le chant des bruits, créé en 2009 lors des Multiphonies de Radio France.

Son site personnel : http://www.eryckabecassis.com/
Ressources du CDMC : http://www.cdmc.asso.fr/fr/ressources/compositeurs/


Eryck Abecassis, à propos de Spin :

"Projeter d'écrire pour le gamelan, où même tout instrument d'une autre culture, c'est accepter en partie certains renoncements. Pertes d'un côté, sublimes découvertes par ailleurs dans une approche quasi à l'inverse de nos habitudes d'aborder le jeu. Le Gamelan transporte avec lui sa culture avec force et brillance. Son aveuglante énergie, rien qu'à le contempler, préfigure déjà aux sons possibles.
Spin est un terme de la physique quantique, comme la masse ou l'énergie. Ici il est utilisé comme un terme évoquant les explorations d'un sentiment de rotation.
Vitesse, angle, changement d'angle, et superposition de vitesses. Le spin pourrait aussi être un terme mesurant la rotation des êtres humains les uns autour des autres, une sorte de danse universelle des êtres, une danse sans fin mue par leurs sentiments, leurs désirs où leurs violences. Mon spin composé aura pour effet de mettre en mouvements les différentes membranes du gamelan et celle des haut-parleurs.
Aux membranes du gamelan, je veux juxtaposer celles d'un unique système de hautparleurs — pas de spatialisation électroacoustique, le gamelan de part sa surface spatialise naturellement — un instrument vertical, un invité électronique, un seul et puissant rotem, qui va dialoguer, de manières rythmiques et timbrales avec l'instrument acoustique. Une tour de haut-parleurs, en une spatialité rayonnante contrastant avec celle toute horizontale du gamelan.
Mais si l'électronique n'ira pas dans le domaine "spatial" du gamelan, celui-ci viendra explorer les spectres créés par la synthèse analogique, en prêtant sa masse métallique et ses harmonies encore inouïes pour nous. Cela par le jeu de tenues ou de modes non conventionnels à l'instrument. J'avais déjà lors de ma pièce Kloch à Poitiers, réalisé un tenuto sur une cloche de deux tonnes, bref un son qui n'était probablement jamais sorti de cet instrument destiné à l'origine à être percuté.
Chaque culture a ses monstres instrumentaux, nous avons inventé l'orgue, les Balinais ont le gamelan, et c'est précisément cette démesure que je veux mettre en action, avec l'aide d'un autre de nos monstres modernes, la synthèse modulaire analogique contrôlée par l'informatique."